Salut Phil. Tu peux nous dire quelques mots sur ta carrière d'écrivain ? : Ma "carrière" ? (rires) C'est un bien grand mot ! En fait, c'est mon premier roman, même si ce n'est pas un coup d'essai, car une bande dessinée et un ouvrage de vulgarisation scientifique sont restés, depuis les années 90, à l'état de maquette. Ces deux projets n'ont jamais vu le jour faute d'expérience. Même chose pour un ouvrage sur les techniques de karaté, mais ce dernier est dans mes tiroirs, prêt à être peaufiné. En ce qui concerne "Absolu - La Mémoire de la Brume", il m'a fallu près d'un an et demi d'écriture et pas loin de six mois de relecture et correction à deux pour livrer une version sans trop de coquilles ; du moins, on l'espère !...
Pourquoi écrire ? : L’envie… Irrépressible. L’amour de la langue française que je n’arrive pas à maîtriser parfaitement. Mais d’ailleurs qui le peut ? L’envie de raconter une histoire issue des limbes de mon imagination dans des registres qui ont mon affection. Peut-être aussi pour me réfugier de certaines peines de mon âme dans une bulle protectrice imaginaire et ainsi accomplir ce que d’autres n'ont pas pu réaliser. Une manière de s’épanouir.
Est-il facile pour toi de parler de ton livre ? : Evidemment pas. Je ne veux en aucun cas dévoiler les mystères de l’aventure alors il me faut peser mes mots lorsque j’en parle. Et puis, étant d’un naturel réservé, je n’aime guère parler de moi. Et cet ouvrage, j’y ai mis, comme beaucoup de premières œuvres, tout ce que j’avais.
As-tu eu des pannes d’inspiration, des jours où rien ne sortait du stylo ? : Oui, cela fait partie du jeu. Mais il n’y a jamais eu d’écriture forcée. A l’inverse, parfois, il est arrivé qu’en fin de journée, il y ait 3 ou 4 pages de plus au compteur.
Comment as-tu trouvé le temps d’écrire ? : Le soir ou le week-end. Et puis aussi le midi. Ayant une profession me permettant de m’isoler de temps à autres le midi, j’avais toujours quelques idées à coucher sur papier. Mais étant sportif et musicien, concilier les trois activités fut parfois délicat. Heureusement, j’ai une femme qui m’a soutenu de A à Z et m’a même poussé à le faire.
Comptes-tu en rester là ou envisages-tu de continuer dans l’écriture après la saga « Absolu » ? : Bonne question. Peut-être… Non allez, joker !
Si tu devais donner des adjectifs à cette période de ta vie, lesquels choisirais-tu ? : Enrichissante, mais ce doit être ce que tous les auteurs écrivent. Stressante, éreintante. Passionnante et excitante en tout cas.
Comment est venue l'idée principale du roman ? : Le goût des vieilles pierres, des châteaux et l’attirance pour l’époque choisie. Un jour que je coupais du bois, je me suis assis sur un billot pour faire une pause. J’ai imaginé les premières scènes. Un bois de l’autre côté du champ qui jouxte mon terrain m’a inspiré. Depuis, je regarde souvent vers ce bois en attendant que certains de mes personnages apparaissent et me fassent un signe.
Pourquoi le Moyen-âge ? : Cette période est fascinante car, autant les conditions étaient rudes, que l’espoir était grand. Les progrès techniques amélioraient la vie de tous les jours, la religion était une force et le refuge de chacun. Y vivre m’aurait déplu mais l’étudier est passionnant.
Tu es croyant ? Pratiquant ? : Du tout. Cela ne m’apporte rien de croire. Par contre, depuis mes recherches, je respecte encore plus les religions et leurs pratiquants. Du moins, dans le sens où la pratique est respectueuse des uns et des autres. La religion pratiquée à l’extrême n’a pas mon adhésion, loin de là !
Dans quel genre ranges-tu ton histoire ? : Il faut dire, je ne suis pas lecteur. Encore moins spécialiste du « classement littéraire ». C’est un roman, une intrigue mêlée à une quête, une enquête. Ce n’est pas « Historique » car ce mot a une trop forte connotation de vérité. Roman médiéval, ça c’est sûr puisque ça se passe en 1095, mais ce qui prédomine c’est le caractère fantastique. Tendance biblique. Donc « fantastico-médiéval ».
Peut-on expliquer pourquoi « La Mémoire de la Brume » en sous-titre ? : Il est préférable que les lecteurs lisent le livre pour comprendre.
Et pourquoi « Absolu » ? : L’épisode 1, « La Mémoire de la Brume » donc, représente le sentiment d’amour absolu entre deux personnages.
C’est une histoire d’amour ? : Non, c’est clair que non, mais il y a une histoire d’amour dans l’aventure.
On aura ce même sentiment dans l’épisode 2 ? : Il perdurera, mais un autre sentiment "absolu" prendra le dessus. D’où le sous-titre qui change. Comme dans le troisième volet.
Combien y aura-t-il d’épisodes ? : Normalement trois. Sinon deux. A moins que l’inspiration ne me quitte plus.
Peux-tu nous révéler quelques secrets sur le second volet ? : Non, tu ne sauras rien… Boooon, d’accord… Mais ce sera homéopathique comme renseignements. Donc, « Absolu, La Mémoire des Ténèbres » sortira j’espère avant deux ans. Les écueils du tome 1 seront sans doute mieux gérés. On retrouvera bon nombre de personnages du 1, voire tous d’ailleurs, car, comme tu as pu le remarquer en le lisant, je suis adepte des flash-back. Aussi, on aura loisir de retrouver certains acteurs qui ont connu une fin tragique dans « La Mémoire de la Brume ». Je pense que l’action sera plus présente. Un style peut-être plus dynamique.
Et sur l’épisode trois ? : Juste qu'il s'appellera "La Mémoire de l'..." A toi de deviner la suite.
As-tu des regrets à propos de ton roman ? : Un seul. Que mon frère Michel ne puisse pas le lire.
Des envies ? : Qu’il soit adapté en film. Le cinéma est ma source d’inspiration. Certaines scènes sont des déclencheurs d’idées. L’alchimie du cerveau fait le reste.
Tu n’as pas peur que l’on te taxe de plagiat ? : Si tu lis un livre ou visionne un film, il y a tellement de points communs que l’on peut toujours dire qu’il y a inspiration. En prenant une référence comme « Le nom de la Rose », on pourrait m’accuser d’avoir copié l’idée du Moyen-âge, je plaide coupable ; que l’intrigue se passe souvent dans un château, non coupable, c’était une abbaye. Qu’il y ait des moines : comme à l’époque. Qu’il y ait des morts, des batailles, des mystères ? Comme dans tous les romans de ce style. Bref, bien sûr que je me suis inspiré de l’ambiance de ce chef d’œuvre de Jean-Jacques Annaud, mais inspiré seulement. L’intrigue n’a rien, mais alors rien à voir avec l’idée d’Umberto Eco.
Et des craintes à propos de l’histoire ? : Que certains propos soient mal interprétés. Que l’on croit que j’attaque quelqu’un ou quelque chose. En fait, tant pis si certains ne comprennent pas le rôle des personnages. Il est nécessaire de se rappeler que ce récit est une aventure purement imaginée et bénéficie de références historiques mais sans avoir de fondements réels.
Que t’a apporté l’écriture ? : La joie d’avoir enfin terminé quelque chose que j’ai commencé. C’est puissant et profond comme satisfaction surtout quand c’est aussi noble que l’écriture. Je ne me prends pas pour un « auteur » ou un « écrivain » bien que, par force, j’en sois devenu un, mais c’est un bonheur réel d’avoir ce livre entre les mains. Sinon, j’ai la profonde joie de pouvoir l’offrir à mes proches et que eux puissent le lire…
Comment l’as-tu construit ? : Comme un bâtisseur de l’époque. Sans trop de plan, sans trop de repères, sans mètre-étalon. Le cauchemar ce fut de joindre des passages que j’avais déjà écrits bien avant les premiers chapitres avec d’autres. Mais entre eux, il manquait la « jointure ». J’avais donc l’idée en tête mais je m’entourais de bon nombre de notes pour m’aider à rester concentré sur l’idée de base. Comme tu as pu voir en le lisant, je suis adepte des détails - sans trop ennuyer le lecteur, je l’espère - ce qui donne un récit qui monte doucement en température. Tout doucement. Mais quand l'intrigue proprement dite est lancée, ça n’arrête pas !
Tu n'as pas peur de décourager le lecteur en faisant monter le suspens si lentement ? : C'est un risque, bien sûr, mais je te rappelle que la saga "Absolu" devrait comporter trois tomes, trois épisodes bien distincts et j'ai préféré mettre en place le décor et la présentation des personnages dès le départ. Mais comme bon nombre d'histoires s'entremêlent, j'ai préféré "faire monter la sauce" tranquillement.
Et l’univers musical dont tu t’es entouré, tu peux nous en parler ? : Etant musicien et quasi incapable de me concentrer s’il y a du bruit alentours, il me fut salvateur de m’isoler pour écrire. C’est pour cela que l’écriture, pour ma part, est une activité du soir, casque sur les oreilles. Sinon, les morceaux choisis l’ont été parce que tout simplement ce sont ceux qui m’inspiraient et ceux correspondant le plus à chaque passage mis en musique. Toutefois, ils ne collent pas forcément au « décor » décrit. Parfois oui, parfois non. En l’occurrence, si tu reprends le titre d’ouverture, c’est un chant grégorien pas forcément en adéquation avec les pas dans la neige des deux premiers personnages.
Je te rappelle, puisque tu as écouté le CD, que si le morceau en ligne est chanté par des voix masculines, l'oeuvre qui m'a inspiré est interprété par des femmes.
Le second épisode comportera également de la musique ? : Sans doute plus encore, mais dans un style plus dynamique car l’action s’accélèrera.
Tu disais que tu es musicien. Cela t’inspire lorsque tu joues ? : Aaaah non ! Ca permet au contraire de sortir de mon univers médiéval pour me retrouver avec mes potes musiciens et faire des reprises pop-rock, bien loin de l’ambiance du Moyen-âge.
Quel instrument pratiques-tu ? Batterie
Effectivement, c’est éloigné du style ! Mais c’est aussi le symbole que si mes écrits sont imaginaires et situés dans cette période, ma vie est actuelle et je savoure tous les bienfaits de notre époque. Dommage qu’il y ait tant d’inconvénients aussi !
Pourquoi 33 exemplaires ? Une relation avec le département où tu vis ? : Ah, ça aurait pu mais ce n’est pas ça. Vu l’ambiance très « religion » de cette aventure, ce qui à cette époque n’est pas très original, ce serait plutôt une référence avec le Nouveau Testament. Les 450 pages du récit sont pleines de clins d’œil à mes proches mais aussi à certains personnages réels. Tu as remarqué que le 33ème chapitre commençait en page 333, non ?
(uniquement sur les première et seconde éditions)
Tu ne crains pas d'ennuyer le lecteur anonyme avec des clins d'oeil personnels ? : Il ne les verra pas ! Allez, je te donne un exemple. Un passage se situe dans la bibliothèque du château. Le nombre d'ouvrages est 234. Penses-tu que quelqu'un sache que c'était le numéro que portait mon frère JM lorsqu'il courait en moto ?
Effectivement c'est invisible pour le lecteur qui ne te connait pas !
Même pour mes proches, ce sera difficile pour certains points car c'est tiré par les cheveux...
Sinon, quelles sont tes dernières lectures ? : Je ne lis jamais à part des ouvrages documentaires (cf. bibliographie). En fait, aucun roman. Le dernier en date c’est « Le petit Prince » que j’ai lu étant à l’armée. Tu vois, ça date ! 1983 !
As-tu des dédicaces particulières ? : Chacun des 33 ouvrages de l’édition de janvier 2011 est destiné à une personne. D’autres exemplaires seront prêtés à des relations. Je profite donc de cette interview pour dédicacer cette histoire à chacun des futurs lecteurs que je ne connais pas. Merci à eux.
Qu’attends-tu de tes lecteurs ? : Des premiers, qu'ils lisent mon livre sans penser qu'ils me connaissent, sans voir des traits de mon caractère dans ces pages. Cela n'a rien d'une biographie. Je n'apparais même pas en tant que personnage. C'est vraiment un pur produit de mon imagination. Et puis, si c'était possible, j'attends de l’aide sur la recherche de « coquilles » et des avis objectifs qu’ils pourront formuler ici, sur mon blog, à la page d'accueil en cliquant sur "commentaires". Si ce sont des remarques plus techniques, plus longues, il est préférable de passer par un envoi de courriel.
Quelles ont été les réactions des personnes à qui tu as fait voir l'ouvrage terminé ? : Si j'omets ma femme et mes deux fils, seuls les collègues de nos sociétés respectives l'ont vu. Et pour la plupart j'ai ressenti beaucoup de... mmmm, comment dire... une sorte de respect pour le travail accompli. Certain(e)s ne tarissant pas d'éloges pour avoir eu le courage d'écrire. Cela fait chaud au coeur. Merci à eux !
Qui remercierais-tu pour la réalisation de ton ouvrage ? : Mon frangin Dom' qui m'a poussé involontairement à écrire étant lui-même écrivain à ses heures.
Mais surtout, si je devais remercier une personne, ce serait, bien évidemment, ma correctrice.
Même si j’écris sans être trop irrespectueux envers la langue de Molière, j’ai des lacunes. Et même si bon nombre de coquilles sont passées au travers des mailles de son « filet », sans elle, je ne crois pas que je serai arrivé au bout de l’épreuve.
Ma correctrice est, bien sûr, ma femme.
Propos recueillis par Enrique Novelo